Abstract | Les statistiques à travers le monde montrent de manière invariable le niveau de la sous-représentation des femmes au sommet des carrières scientifiques. Haïti ne saurait faire exception. Les recherches tentent d’expliquer cet état de fait, en mettant
en avant des facteurs liés à la condition féminine. Cependant, au-delà des choix personnels, les femmes subissent au quotidien le poids des relations de pouvoir, des structures de classe et de l’organisation socioéconomique. Un tel contexte est loin
d’être neutre, mais fondé sur les rapports sociaux de sexe. Cet ensemble complexe conduit à l’exclusion des femmes des carrières scientifiques. Ainsi, à travers l’histoire, la question en débat demeure-t-elle celle d’une condition toujours associée à une
double opposition : autonomie contre subordination, autonomie contre limitation. En Haïti, comme ailleurs, les écarts entre hommes et femmes ont sensiblement diminué, parce que les femmes ont pu avancer, individuellement et collectivement. Cela est
fondamentalement dû à l’accès aux études et à l’emploi salarié. Toutefois, des rapports inégalitaires perdurent parce que l’espace domestique continue de maintenir les femmes en position de subalterne. Toute réfutation de la dominance mâle semble
réaffirmer le schéma binaire privé/public. Notre propos tente d’aborder la question dans le sens d’une double négation du corps et du sujet. | |